Je déménage!

Vous vous demanderez pourquoi j’ai décidé de plateforme, et à quelle plateforme je suis allé ? Alors, je vous réponds tout de suite, je suis allé sur Wordpress. Pourquoi ? Parce que Wordpress offre beaucoup plus de libertés aux blogueurs et que c’est que je recherche. Donc, voilà, je suis passé là-bas.

Je serais très content que vous me suiviez dans mon nouveau blog, avec un nouveau thème, une nouvelle plateforme, je décide de commencer l’année de mon blog sous de bons auspices.

Voici le lien du blog sous wordpress. A savoir, je ne supprime pas celui-ci, mais il sera pas forcément mis à jour !

http://letteraturaa.wordpress.com/

mercredi 8 février 2012

Elisabeth Bourgois [article spécial interview]

imageMon troisième interview d’auteur, et j’ai décidé d’avoir les mêmes questions générales sur l’auteur, qui m’intéressent et d’autres questions sur les livres eux-mêmes ! Voici l’interview de l’auteur de l’inavouable secret de Clara, un très beau que j’avais super bien aimé ! Voici ma chronique : http://litteraire-en-herbe.blogspot.com/2012/01/linavouable-secret-de-clara-elisabeth.html 

Voici donc les questions et les réponses très précises de l’auteur :

Pouvez-vous parler de votre parcours ?

Je suis tout d’abord infirmière et j’ai travaillé surtout comme surveillante de service en chirurgie. En 1995 j’ai voulu écrire un roman

sur le sida pour les jeunes. Je n’avais jamais rien écrit. J’ai eu la chance de trouver tout de suite un éditeur et ce roman a reçu le Prix Saint Exupéry valeurs jeunesse. Grâce à ce 1er livre, j’ai rencontré de nombreux jeunes dans les collèges et lycées, leur enthousiasme m’a poussée à continuer sur cette voie du roman et aujourd’hui je publie le 18è. Je travaille sur deux genres littéraires : les romans sur les sujets de société (sexualité des jeunes, sectes, création d’entreprises… ) et les romans historiques (histoire du Nord, du Boulonnais, ou au cours du Moyen Age). Il n’y a pas d’opposition entre les deux puisqu’à chaque fois j’étudie le comportement des Hommes, ceux d’hier comme ceux d’aujourd’hui. Je ne me sentirai pas à l’aise dans le roman de science-fiction. J’ai besoin de raconter des histoires tout à fait réalistes.

Aimez-vous lire ? Lisez-vous beaucoup ? Quel genre de livres ?

J’aime lire mais je n’ai jamais été vraiment une « littéraire », j’aime surtout l’observation du comportement humain, plus que le jeu des mots. Je lis des romans en décortiquant à chaque fois ce qui me semble bon ou mauvais dans la construction de l’histoire et ce qui fait la beauté de l’écriture. Et évidemment quand j’attaque un sujet, je dévore tout ce qui en parle : histoire, médecine, psychologie, techniques de différents métiers, culture, musique, costumes… bref je me plonge totalement dans le sujet en le décortiquant sur tous les plans et des piles de bouquins encombrent alors mon bureau !

Avez-vous de nouveaux projets d’écriture ?

Bien sûr ! mais les aléas de la vie font qu’il est parfois difficile de s’atteler à son travail et j’espère que je pourrai venir à bout d’un gros projet en cours déjà depuis plusieurs mois.

Êtes-vous écrivain à plein temps ? et que pensez-vous de vos écrits ?

L’écrit occupe l’esprit en permanence : le sujet que l’on choisit et qui demande de nombreuses recherches, le scénario à trouver, les personnages que l’on apprivoise pour les rendre vraiment vivants. Mais j’ai aussi une vie très remplie sur un plan familial et professionnel, donc il faut jongler avec tout. J’ai la chance d’habiter près d’une plage et les longues promenades au bord de l’eau sont une source merveilleuse d’inspiration. Je ne reste jamais devant une page blanche, si l’inspiration n’est pas là je fais autre chose et les idées arrivent alors naturellement.

Je ne suis jamais vraiment satisfaite de ce que je fais. Il m’est arrivé de mettre à la poubelle des romans de 300 pages ! Alors quand il est terminé je le laisse reposer pendant quelques temps puis j’en refais une lecture avec un regard le plus neuf possible. Il doit alors m’apporter du plaisir, de l’émotion et de l’intérêt. Je fais vérifier aussi mon texte par des personnes compétentes selon le sujet : exemple des historiens, des médecins, des chefs d’entreprises ou un pédo-psychiatre pour mon dernier roman concernant la grossesse précoce. Mais j’ai surtout besoin de l’analyse et de la réaction spontanée des lecteurs et ça, je ne l’ai qu’après la publication !

Que pensez-vous du monde de l'édition ?

Question délicate ! L’auteur et l’éditeur sont intimement liés par un intérêt commercial d’abord, mais cela va beaucoup plus loin surtout pour l’auteur. Un livre c’est un peu comme un bébé, il a fallu plusieurs mois pour le mettre au monde, on y tient, on se sent fragile face aux futures réactions des lecteurs : comment le livre va-t-il être accueilli ? L’éditeur joue un rôle étrange de protecteur du livre, sa destinée est dans ses mains, il doit savoir en faire un bel objet, le promouvoir, le mettre en valeur, c’est son intérêt comme celui de l’auteur. L’auteur offre sa complète confiance à un éditeur qui vit grâce à la qualité des écrits qu’il publie. Ce que je demande surtout à un éditeur c’est la franchise. Je ne supporte pas qu’on me dise « je sors un nouveau Bourgois » sans même analyser le livre ! C’est très angoissant. Les éditeurs sont toujours pressés, ils sortent trop de bouquins et ne prennent pas forcément le temps de « travailler » le nouveau livre pour le mettre en valeur au mieux. Les libraires sont engloutis de nouvelles publications et s’ils reçoivent un livre dont personne n’a parlé, sa vente s’avère aléatoire.

Pour moi, un bon éditeur est celui qui aime le livre qu’il publie, qui soutient son auteur et le respecte, et qui agit avec toute franchise avec lui en n’hésitant pas à l’informer régulièrement sur le nombre d’exemplaires vendus, les réactions des libraires ou des médias. Mais on a parfois l’impression d’être abandonnés et un peu manipulés, sans avoir aucune idée de ce que l’éditeur fait avec notre propre livre !

Votre livre « L'inavouable secret de Clara » marche-t-il bien ? Avez-vous eu des échos positifs ou négatifs ?

Il est sorti depuis trop peu de temps pour avoir le retour des ventes. Les premiers échos que j’ai, sont très positifs, et j’en suis très heureuse car le sujet n’est pas simple du tout. Je souhaite surtout qu’il pousse les jeunes et moins jeunes, à oser aborder le sujet de l’adolescence face à la sexualité, et face à la question de l’IVG d’une façon la plus objective possible en se détachant des idées à la mode et en ouvrant la réflexion sur les conséquences du choix de ses actes.

D'où vous est venu l'idée de parler de l'avortement ?

Rencontrant de nombreux jeunes dans les établissements scolaires, sur les sujets de sexualité, l’avortement est obligatoirement abordé et je reçois de nombreuses confidences de jeunes filles. Le fond de l’histoire de Clara est donc basé sur un fait réel.

Connaissez-vous des jeunes filles dans le cas de Clara qui ont du faire un choix cornélien comme celui-là ? Qu'en pensez-vous personnellement ?

Oui, beaucoup trop ! En général, on voit des parents qui poussent leur fille à l’IVG, même si cela les révulse.., ou des jeunes filles qui n’en ont parlé à personne de leur entourage et se sont débrouillées toutes seules. On préfère toujours une solution radicale à un problème de ce style, imaginant que la grossesse étant supprimée, la vie de l’adolescente redeviendra comme avant. Ce qui est totalement faux. La grossesse d’une adolescente est un problème très complexe, une vraie catastrophe même et c’est ce que je montre dans ce roman. Ce n’est pas ce que - moi - j’en pense qui est important, mais ce que vivent ces jeunes filles. Mon métier d’infirmière m’a appris à observer l’autre, mon métier d’auteur est le même : je fais une observation du comportement humain, je respecte les décisions de mes héros, tout en essayant d’apporter une analyse la plus exacte possible des conséquences de leurs choix de vie. Il suffit pour cela d’observer la vie de ceux qui nous entourent.

Quelle est votre position sur l'avortement ?

Personne ne peut dire que l’IVG est quelque chose de bien, c’est toujours le résultat d’un échec. C’est aussi un acte qui n’est pas anodin sur un plan médical ou chirurgical. : on arrête une grossesse chez une femme en pleine santé qui attend un enfant en pleine santé.

En tant qu’infirmière, je trouve que cela n’a aucun sens, alors qu’on se bat pour sauver des bébés, dans l’IVG on les supprime non pas sur indication médicale mais par ordonnance de la femme elle-même ! C’est le seul acte médical imposé au médecin par une femme, alors qu’il n’y a aucune pathologie. En tant que femme et mère je trouve que c’est un vrai gâchis. Notre corps est fragile, la maternité est une potentialité brève sur la longueur de toute notre vie. L’IVG est donc un acte que je réprouve totalement, tout en comprenant aussi pourquoi certaines femmes sont conduites à devoir le subir. Je suis toujours très triste quand une femme me confie qu’elle s’est faite avorter.

Il y a un an, j’ai rencontré une femme qui avait vécu deux IVG, se sentant incapable d’être mère. Elle m’a demandé d’écrire son histoire. Psychologiquement l’écriture fut très difficile pour moi, car je devais me mettre totalement à sa place en imaginant toute l’horreur de son enfance de petite fille battue par sa propre mère. Rien ne ressort dans ce livre sur ce que je pense. Elle-même ne s’est sans doute pas sentie jugée par moi, sinon comme aurait-elle pu alors me confier toute l’histoire de sa vie en une intimité étonnante ? Elle est devenue une très bonne amie maintenant.

Dans votre livre, vous présentez une alternative à l'IVG, pourquoi avez-vous senti l'obligation de présenter cette alternative ?

Votre question est intéressante car elle montre bien que cette alternative n’est que rarement offerte. Il s’agit précisément de dire à la femme : vous n’êtes pas obligée de vous faire avorter, il y a une autre solution qui n’est certes pas facile, mais elle existe : garder l’enfant et trouver les aides nécessaires pour passer le cap difficile. Clara montre bien dans son désarroi qu’elle est devant cette alternative, car elle ne veut ni avoir un enfant ni avorter, mais elle est bien obligée de choisir ! A l’origine la loi Veil proposait l’IVG en cas de situation de détresse, je me demande parfois si ce n’est pas l’IVG qui mène de nombreuses femmes dans cette situation de grande détresse, quand elles doivent prendre toutes seules une décision rapide. On oublie aussi souvent que la femme ne peut être enceinte s’il n’y a pas un père. L’homme est lui aussi trop absent dans toute cette histoire. Dans ce roman je montre aussi la vie de Julia, l’amie de Clara qui s’est faite avortée et ne semble pas le regretter. Je montre donc les deux choix.

Certains lecteurs pourraient penser que vous faites de la propagande chrétienne, qu'en dites-vous ?

Je ferai de la propagande chrétienne si mon héroïne refusait l’IVG au nom de sa Foi, ce qui n’est pas du tout le cas. Elle réagit avec son cœur de jeune femme et des valeurs de bon sens humain. Il est exact que refuser l’IVG correspond à des valeurs religieuses, mais ces valeurs religieuses ne sont-elles pas faites pour le Bien de l’Homme ?

Respecter la vie humaine est la base de toute civilisation et la base du métier de soignant. L’argument de dire qu’il ne s’agit que d’un amas de cellules tant que l’embryon n’est pas viable hors du corps de sa mère, n’a plus de raison d’être avec tous les progrès des investigations qui montrent la réalité physique du début de l’existence d’un être humain. Il est consternant que certains en soient encore à ce genre de raisonnement archaïque. Jamais la science ne nous a mis de façon si intense devant l’évidence de ce qu’est le début de la vie. Il ne s’agit pas de « propagande chrétienne » mais d’un fait scientifique et écologique dans le respect de la nature humaine.

Êtes-vous mère ? Et comment avez-vous pu rendre si bien les sentiments maternels de Clara ?

J’ai cette chance-là ! J’ai une fille et cinq fils. Chaque naissance fut le même émerveillement même si parfois, ce fut un peu délicat ! La maternité comme la paternité font partie intégrante du besoin d’être de toute personne humaine. On a cela au fond de ses « tripes » sans trop comprendre pourquoi cela nous rend si heureux mais aussi si tristes quand il y a un problème avec un enfant.

J'ai trouvé que le début de votre livre n'était pas très favorable pour Clara, elle paraissait assez détachée et pas du tout attachante, est-ce volontaire ?

C’est le regard de sa mère et du monde extérieur qui n’est pas favorable à Clara, comme c’est souvent le cas devant les ado qui ont des comportements déconcertants ! J’ai donc voulu offrir ce même regard au lecteur. On a facilement une première vision fausse des êtres humains. C’est en découvrant quelqu’un que l’on apprend à voir toutes les facettes de son caractère et tous ses talents. Au fil de l’histoire Clara va se révéler aux yeux de son entourage et on va s’y attacher de plus en plus.

Vous avez rendu le personnage d'Alex un peu trop sympathique à mon gout, pourquoi avoir transformé un violeur en un personnage complètement différent ?

Parce qu’Alex est un jeune homme paumé, comme tant de jeunes. On ne sait pas comment l’aider, il est repoussant mais en chaque être humain il y a du bon, quelque chose qui doit être mis en valeur et il faut toujours garder cet espoir ! Alex va être sauvé par l’attitude de Clara, qui au départ, ne voit pourtant en lui qu’un violeur méprisable.

Votre métier d'infirmière a-t-il influencé votre écriture ?

Enormément car c’est un métier où il faut se détacher de soi-même, apprendre à observer l’autre et ses besoins, sa façon de réagir, écouter sa souffrance et l’apaiser si possible.

Clara a une vision de l'amour très naïve, êtes-vous d'accord avec elle ?

Je ne pense pas que ce soit de la naïveté. Elle va vivre une première relation sexuelle catastrophique et en sera dégoutée (je me base sur des confidences de jeunes filles que j’ai reçues) Elle découvre aussi à travers ses parents le côté négatif de la relation de couple, elle rêve d’autre chose. Nombreux sont les jeunes qui sont très romantiques, même les garçons ! Dans notre société où les histoires de sexe sont balancées en permanence avec leur lot de drames de toutes sortes, il reste l’espace de ce rêve secret de l’amour qui dure et qui rend heureux.

Avez-vous quelque chose à ajouter ?

Dans ce roman, j’ai voulu montrer aussi ce qu’est ce temps de l’adolescence : un pont bien fragile entre la rive de l’enfance insouciante et la falaise escarpée de la vie d’adulte. On ne peut rompre ce fragile équilibre et on se doit d’aider le jeune à passer ce pont dans l’amour, le respect absolu de ce qu’il est, et de ce dont il rêve, tout en le guidant.

Comme vous avez pu le lire, je trouve les réponses de cette auteurs vraiment précises et bien construites ! Merci beaucoup à Elisabeth Bourgois !

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